La Compagnie Neuve est née en 2017 du désir d’écrire des spectacles mêlant l’écriture, la photographie, les arts plastiques, le jeu d’acteur et la musique sur un plateau, jusqu’à se rendre compte que cela peut s’appeler « faire du théâtre ».

Le premier spectacle de la compagnie, On entend les oiseaux lorsqu’on les écoute, a été créée au Théâtre de l’Elysée, à Lyon,  en mai 2018.

 

Ecrire et mettre en scène

« Pour moi, la mise en scène est un geste d’écriture, lorsque j’écris On entend les oiseaux lorsqu’on les écoute, j’entends la voix de la comédienne, j’imagine le plateau, la plasticité qui s’y déploie.

C’est comme écrire les paroles d’une chanson et entendre dans le même temps les prémices d’une mélodie.

Ecrire et mettre en scène, c’est travailler dans l’espace global de mon activité, parfois scindée, d’autrice, de photographe, de musicienne, de plasticienne et de chanteuse.

Le théâtre est le lieu commun de toutes les pratiques qui m’animent, c’est là que tout prend sens et vie, peut-être parce qu’après la solitude de l’écriture, de la composition, de la chambre noire, la mise en scène est l’art de la relation, du point de bascule avec l’autre.

J’aime photographier les gens pour approcher ce point de bascule où le modèle sentira que c’est lui qui fait la photo, que c’est lui qui est l’auteur. Il s’agit pour le photographe de décider d’un cadre, de réceptionner une lumière et de déclencher l’appareil à cet instant, alors peut-être que celui qui regardera l’image dans un autre temps entendra la voix du modèle lui dire « Bonjour tu n’es pas tout seul ». C’est le même point de bascule que je cherche en tant que metteure en scène, sauf qu’il n’est pas sur l’instant mais dans le temps, plus tangible, jamais définitif.

Ecrire et mettre en scène, c’est être témoin du passage, c’est assister à l’envolée.

C’est faire de l’art, pas tout seul…

J’ajoute que si la photographie n’est plus muette lorsqu’elle prend vie au plateau, il faudra toujours qu’elle laisse l’espace à celui qui regarde, pour qu’il puisse se mirer, et c’est une des choses qui me passionne au théâtre, et dans l’écriture.

Je suis touchée lorsque Roland Barthes écrit dans Une chambre claire ce qu’il s’est passé en lui, alors qu’il cherchait à ressentir la présence de sa mère, décédée depuis peu, et qu’aucune photo ne la lui rendait avant qu’il ne tombe sur une image floue, d’elle, à 10 ans, souriant vaguement. Il ne l’a évidemment pas connue lorsqu’elle était enfant et pourtant c’est cette image qui lui ramène la présence sensible de sa mère. C’est justement parce qu’il ne peut reconnaître qu’un trait de ressemblance dans ce visage, parce que rien de didactique ne lui est imposé, qu’il a l’espace de projeter son ressenti, son souvenir et son émotion.

Il raconte très bien cela, la place laissée au spectateur pour qu’il soit touché par sa propre histoire. » JG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

%d blogueurs aiment cette page :